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Ces Trésors cachés de l'Alentejo dont les guides touristiques font fi

Les guides touristiques ne manquent pas de suggestions pour explorer l’Alentejo. Toutefois, les itinéraires suggérés laissent de côté bien des sites et des attractions qui valent le détour. Vous souhaitez vous évader dans l’Alentejo, la plus grande région du Portugal? Voici quelques-uns de ses trésors cachés au riche passé historique souvent oubliés des guides touristiques. 


UNE VILLE FANTÔME FORTIFIÉE

 

Juromenha, ce sont les ruines d’une ville fortifiée au sommet d’une colline qui surplombe le fleuve Guadiana. Cette ville fantôme, captivante, se trouve à l’est de la ville d’Alandroal, en bordure de la frontière espagnole. De nos jours, quelques dizaines d’habitants seulement vivent dans l’enceinte d’une forteresse en ruines de cette ancienne colonie romaine. En 1167, les chrétiens ont repris possession de Juromenha, qui était alors sous le contrôle des Maures (la ville s’appelait alors Julumaniya). La ville, refortifiée par les chevaliers de l’ordre du Temple, sera le théâtre de conflits lors de la guerre de Restauration (17e siècle) et des batailles napoléoniennes (19e siècle). En 1806, les terres situées de l’autre côté du fleuve sont saisies par l’Espagne. L’on assiste alors au déclin de la population de Juromenha. D’ailleurs, Juromenha perdra son statut de ville en 1836. Dans les années 1920, abandonnée, elle tombera dans l’oubli. L’on prévoit restaurer le château en partie effondré et reconstruire un pont qui enjambe le fleuve vers l’Espagne.  C’est une destination idéale pour les adeptes de randonnée en quête d’aventure.

REDONDO, VILLE DE LA POTERIE ET DU VIN


Parmi les nombreuses destinations qui permettent de découvrir le talent des artisans d’Alentejo, l’ancienne ville fortifiée de Redondo vaut vraiment le détour. Redondo est la ville de la poterie dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler. Ses poteries, lumineuses, décoratives, sont ornées de motifs floraux de couleurs vives et de scènes champêtres. L’argile de la région, résistante à la chaleur, confère à la poterie une belle solidité. Redondo est également connue pour sa production de vin, puisque c’est une région d’appellation d’origine contrôlée (A.O.C.) du Portugal. Le vin, les poteries artisanales… le plaisir de visiter Redondo est double! Bien sûr, le château et le centre historique médiéval méritent bien une halte.

LES ARMOIRIES LES PLUS MACABRES DU PORTUGAL


Moura, cette ville monumentale à proximité de la frontière espagnole, est reconnue pour ses olives et son eau pétillante. Ne manquez pas de jeter un coup d’œil aux armoiries de la ville. Certains détails vous surprendront. Pourquoi une princesse morte figure-t-elle sur les armoiries? À l’époque de la domination arabe, Moura était une ville fortifiée bien défendue, car la capitale du district d’Al-Manijah. Les chevaliers chrétiens savaient qu’ils auraient à déployer des ruses s’ils voulaient reconquérir la ville. En 1166, la princesse maure Salúquia, fille du gouverneur de Moura, était promise à un prince d’une ville voisine. La veille du mariage, les chevaliers chrétiens, au courant de cette nouvelle, préparent leur ruse. Le prince et son escorte seront la cible d’une embuscade meurtrière. Les chevaliers chrétiens revêtent les habits des vaincus et se rendent à Moura. Du haut du donjon, croyant voir venir son amoureux et son escorte, elle donne l’ordre d’abaisser le pont-levis donnant accès à la ville. Aussitôt entrés, les chevaliers déguisés attaquent par surprise les défenseurs de la place et assiègent la ville. Horrifiée, Salúquia se rend compte de son erreur et comprend que son prince est mort. Désespérée, elle se précipite du haut de la tour. Émues par cette tragédie, les troupes portugaises rebaptisent la ville « Terra da Moura Salúquia », ou simplement Moura. La tour Salúquia subsiste toujours. Emblème de la ville, elle évoque la légende de la princesse maure qui a préféré mourir pluôt que d’être prisonnière des chrétiens.

NISA : LE PENDANT PORTUGAIS DE NICE?


La légende veut qu’au temps du premier roi du Portugal, qui était d’ascendance française, un groupe de colons soit venu de Nice pour fonder une ville dans l’Alentejo bordant au sud la frontière avec le territoire arabe. Ils l’auraient baptisée du nom de leur ancienne patrie. Plus de 800 ans plus tard, elle est devenue Nisa. L’excellence du fromage de brebis, les rues inondées de lumière et le nom de la ville évoquent la ville phare de la Côte d’Azur. Il règne dans la vieille cité une atmosphère particulière. Construite autour des ruines d’un château du 13e siècle, elle est ceinte de remparts dont deux imposantes portes subsistent encore : Porta de Montalvão et Porta da Villa. Une fontaine datant du temps de la renaissance et une église baroque méritent également une visite. Ne manquez pas de goûter les délicieux fromages jaune clair, à pâte semi ferme, fabriqués à partir de lait cru de brebis, au léger goût d’herbes.

VIN D’ORIGINE ROMAINE

 

Les œnophiles connaissent assurément l’Alentejo. Les amateurs des vins de l’Alentejo affectionneront tout particulièrement les vins du terroir de Vidigueira, notamment ceux de la coopérative viticole Adega Cooperativa de Vidigueira, Cuba e Alvito. La coopérative viticole a été fondée en 1960, mais la fabrication du vin dans cette région remonte à l’époque des Romains. Un été chaud et sec conduit traditionnellement à des vins de qualité supérieure. L’Adega Cooperativa de Vidigueira, Cuba e Alvito possède une Casa das Talhas qui présente les coutumes et la fabrication du vin de talha selon la technique romaine vieille de 3 000 ans de fermentation du raisin dans des amphores en argile d’une capacité de 1 000 litres.

UNE MANTA COMME SOUVENIR DÉCORATIF AUTHENTIQUE


L’utilisation des couvertures de laine Manta dans l’Alentejo remonte au 13e siècle, à l’époque où les bergers s’en servaient pour se protéger du froid la nuit. Ces épaisses couvertures de laine sont une tradition séculaire dans l’Alentejo. Utilisées initialement par les bergers, elles sont devenues au fil du temps un accessoire d’intérieur incontournable. Elles se déclinent en de nombreuses variantes. Celles utilisées pour le travail sont unies ou rayées; celles qui servent à des fins décoratives, plus élaborées, arborent des motifs plus sophistiqués. Elles sont souvent un symbole de statut. De nos jours, les mantas sont devenues des pièces de décoration aux motifs éclatants, parfois utilisées comme tapis, comme couvre-lit, et même comme nappe.  Vous pouvez les trouver dans la plupart des boutiques locales.


UNE VILLE EMPLIE DE POÉSIE


 


La charmante ville de Portalegre, outre son centre historique, compte une magnifique cathédrale. Ses murailles témoignent de l’importance stratégique qu’avait Portalegre dans la défense du territoire durant le Moyen Âge. L’écrivain José Maria dos Reis Pereira (1901-1969), mieux connu sous son nom de plume José Regio, a vécu la majeure partie de sa vie à Portalegre. José Régio est considéré comme l’un des grands noms de la littérature portugaise moderne. Dans ses écrits, il a exploré inlassablement les thèmes liés au conflit entre Dieu et l’être humain, entre l’esprit et la chair, entre l’artiste et la société, le soi et les autres. L’art poétique et fictionnel puissant de José Regio est empreint de mysticisme. Son œuvre analyse les relations humaines et la solitude individuelle. Sa maison, du temps qu’il était professeur, est devenue un musée dont l’intérieur est demeuré intact selon les souhaits du poète. Sa célèbre Complainte de Portalegre (« Toada de Portalegre ») est dédiée à la ville dans laquelle il a passé 30 ans de sa vie. Elle commence par ces mots…

À Portalegre, ville
du haut Alentejo, enveloppée
par les montagnes, les vents, les falaises, les oliviers et les chênes-lièges
J’ai vécu dans une vieille maison
faite sur mesure pour que j’y vive…


ALCÁÇOVAS : LA DIVISION DU MONDE


Oubliez le Traité de Tordesillas — c’est à Alcáçovas que l’ambition du futur roi Jean II s’est révélée. Au cours de la guerre de succession au trône de Castille, le roi du Portugal, Alphonse V est vaincu à la bataille de Toro en 1476. Toutefois, son fils, le prince Jean, prend la tête des forces de renfort et arrache la victoire. Le traité signé à Alcáçovas en 1479 non seulement met fin à la guerre de succession de Castille, mais donne au Portugal libre cours de poursuivre ses explorations maritimes pour trouver une route vers l’Inde et le Brésil, sans trop de résistance de la part de l’Espagne. Le traité partageait les territoires de l’Atlantique entre l’Espagne et le Portugal. L’Atlantique était divisé en deux sphères d’influence; l’Espagne conservait la souveraineté sur les îles Canaries tandis que le Portugal obtenait le droit exclusif de naviguer, de conquérir et de commercer dans l’Atlantique, au sud des Canaries. Par ce traité, le Portugal a imposé son hégémonie sur ses territoires de l’Atlantique et sur les terres qu’elle a découvertes par la suite. Ce traité a jeté les fondements du colonialisme.

C’est à Paço dos Henriques qu’a été signé le Traité d’Alcáçovas. Également connu sous le nom de Paço Real da Vila ou Paço das Alcáçovas, ce monument a été construit à la fin du 13e siècle sur le site du château, sur ordre du roi Denis, pour servir de résidence royale. À l’architecture gothique du Paço s’ajoute une décoration de style manuélin. Le moment présente également des éléments de la Renaissance et sa façade reflète l’influence de l’art mudéjar.



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