Aller au contenu
Blog

Belles escapades dans le Portugal méridional: un ciel resplendissant, des vins excellents, des plaines infinies… voilà l’Alentejo

Dans la ravissante ville balnéaire de Vila Nova de Milfontes, l’un des meilleurs restaurants de l’Alentejo a pignon sur une rue étroite bordée de demeures blanchies à la chaux : Tasca do Celso. Certains diront que cette ville a émergé de l’anonymat à cause de ces plages; d’autres croient que c’est sa position stratégique à l’embouchure de la rivière Mira qui lui a permis de jouer un rôle défensif au 15e siècle. Je préfère penser que c’est à cause de Celso (de son vrai nom José Ramos Cardoso) en… 1999. Cette année-là marque l’ouverture de son restaurant qui s’est rapidement imposé comme la destination incontournable des gastronomes. 

José, le serveur, efficace et empressé, est prêt à me conseiller. Nous composons un menu parfait à partir des mets du jour proposés à l’ardoise. Une alléchante bruschetta aux sardines pour commencer, suivie d’un riz aux couteaux de mer qui conviendrait parfaitement comme plat de subsistance. Lorsque je fais part à José de mon envie d’un vin rouge, il ne se fait pas prier. Il me verse en deux temps, trois mouvements, un très bel assemblage d’aragonês, de syrah et de pinot noir, œuvre d’un couple danois-américain propriétaire d’un vignoble à Cortes de Cima, à 113 km (70 miles) à l’intérieur du village. C’est un excellent vin de l’Alentejo, issu de l’une des meilleures caves de la région. Au moment où m’est servie la sericaia, riche et parfumée (un flan aux œufs et à la cannelle), c’est le temps de se souhaiter une bonne nuit. Titubant, envoûté par la magie de Celso, je n’ai qu’un but : gagner ma chambre au Monte do Zambujeiro.

 
Le troisième jour, j’emprunte une route qui s’enfonce vers l’intérieur des terres, là où la splendeur du paysage de l’Alentejo, comparable à la savane, s’affirme pleinement. Les chênes verts, les oliviers et les chênes-lièges éparpillés sur les collines bronzées évoquent étonnamment l’Afrique. Bienvenue dans le montado (la forêt méditerranéenne)!  Nulle part ailleurs cette étonnante ressemblance n’est plus frappante qu’à l’Agroturismo Xistos, près de Beja. Ce gite rural de six chambres est la création de Paula Mira, une femme passionnée par la nature qui défend la durabilité environnementale. Cet établissement touristique se veut un espace pédagogique qui offre des expériences sensorielles inégalées. Séjourner ici, c’est découvrir 400 hectares de panoramas enchanteurs; c’est apprendre à vivre en symbiose avec la nature, aux côtés des vaches de l’Alentejo, des sangliers, des renards, des blaireaux, des loutres, des lièvres, des genettes et des innombrables espèces d’oiseaux et de papillons qui cohabitent dans ce musée vivant. 

La magnifique piscine offre une vue éblouissante sur la plaine et le domaine. Les couchers de soleil et les levers de lune sont magiques. Même la tomatada (une version chaude du gaspacho qui contient des œufs pochés comme dans la shakshuka et des tomates fraîchement cueillies du jardin biologique) est absolument délicieuse! Certes, Mira n’a pas créé ce havre de paix pour ravir vos sens. Vous êtes ici pour vous immerger dans le mode de vie de l’Alentejo et pour attraper l’enthousiasme contagieux de Mira pour la nature. Rien n’est gaspillé ici. L’on recycle, l’on réutilise ce qu’on trouve dans la forêt pour créer des produits biologiques, produire des huiles essentielles ou rehausser la cuisine avec des herbes aromatiques. Tout ce qui se trouve sur la terre sert un objectif biologique ou écologique. C’est l’un des établissements touristiques les plus originaux du Portugal. 

J’ai quitté Xistos pour me diriger vers Mértola, une ville juchée au sommet d’une colline surplombant le fleuve Guadiana où le temps semble s’être suspendu, une ville avec des rues mitoyennes où règne une ambiance indescriptible. Autrefois un important entrepôt commercial situé au port qui a été le plus septentrional du fleuve Guadiana, Mértola a été conquise tour à tour par les Phéniciens, les Carthaginois, les Romains et les Maures. L’Empire romain avait instauré un système d’imposition des bateaux accédant au port de Mértola (il reste les vestiges d’un poste de péage en pierre). La route menant à la ville est clôturée pour protéger la population de lynx du Parc naturel de la vallée de la Guadiana. C’était la première fois que je croisais un panneau de signalisation sur l’autoroute pour prévenir du passage de lynx!
 
Je décide l’après-midi suivant de partir à la découverte des environs de Vidigueira, une région de l’Alentejo, où la culture de la vigne remonte à la colonisation romaine. De nombreux domaines viticoles utilisent encore la vinification en amphore, une ancienne méthode qui consiste à faire vieillir le vin dans de grands vases en argile. Chaque année, la région organise à Vila de Frades le VitiFrades, un festival du vin des plus réjouissants (imaginez une foule de citadins locaux et de touristes en liesse faisant la tournée des établissements vinicoles pour déguster les bouchées et les vins en amphore qui leur sont proposés). Toute bonne chose ne se présente pas seulement dans une amphore! 

* Voici le second billet d’une série de trois rédigé par le journaliste Kevin Raub qui sillonne l’Alentejo à la découverte de ses merveilles. Cliquez ici pour lire le premier billet.

Image 847